Lettre à un ami :
« Mon chemin de Damas »

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Mon ami,

La Syrie est maintenant à la première page des magazines d’actualités ! Une histoire différente que celle de la Tunisie, l'Algérie, la Libye et l'Egypte ! J'ai diverti des relations d'affaires, fait du business, signé des affaires et négocié des contrats dans chacun de ces pays. Mon "chemin de Damas" a été de loin la plus difficile !

Partout j'ai rencontré des gens très bien, compétents, dévoués, chaleureux et très souvent très instruits, très raffinés, montrant un niveau élevé de culture, mais limités, contraints, complètement destitués, bloqués par le système dans lequel ils vivaient.

Quand j'ai rejoint Submarcom en 1977, la société essayait de récupérer les derniers paiements (30%) d'un projet d'Alexandrie-Beyrouth-Damas, récemment installé. Le segment terrestre Beyrouth-Damas était un système hertzien. Quelques jours après la réception du système, l'un des poteau hertzien a été dynamité. Après une visite aux PTT du Liban, il a été décidé d’aller ensemble à Damas. Ce court trajet en voiture (80 km) a fini en très long voyage. Notre voiture a dû passer par plusieurs barrages de différents types de combattants ! Ce qui m’a le plus frappé en Syrie a été la grande carte régionale sur le mur derrière le bureau du ministre des PTT : ni le Liban, ni Israël était représenté, mais seulement la Grande Syrie. La Syrie n'avait pas accepté l'existence de ces deux pays. Nous n’avons jamais été payés !

Cela ne nous découragea pas de faire une offre et gagner, en 1978, le contrat pour la mise en œuvre du câble Syrie (Tartous) - Grèce (Crète). Le responsable de l'équipe du département de transmission avec laquelle nous avions négocié les termes du contrat était très gentil et capable, mais nous avons lentement découvert qu'il était étroitement surveillé par deux représentants de la "classe politique", à la façon Union Soviétique ! Après plusieurs semaines, nous avons finalement réussi à parapher les différentes pages du document. Ce que j'ai vu comme la fin d'un long processus était en fait le début d'une autre bataille longue et souterraine ! Je suis revenu à Damas chaque mois pendant une année complète dans l'espoir d'accélérer le processus. Cela me donnait, au moins, l'occasion de visiter certains endroits intéressants comme Palmyre dans le désert !

L'exécution formelle du contrat était en attente de la signature du Président Assad ! Notre agent local nous a expliqué que chaque fois que notre dossier était proche d'être signé par Assad "quelqu'un", travaillant en faveur de notre concurrent, s’arrangeait à mettre le dossier en bas de la pile ! Un soir, notre agent m'a amené dans une maison privée, à minuit, pour une réunion informelle. J'y ai passé une heure, tout en écoutant la musique de la langue arabe. J’ai appris plus tard que c'était la maison du Premier ministre!

Le feu vert a finalement été obtenu et la signature du contrat prévue à Athènes avec le ministre. C’était censé être une cérémonie formelle commençant à midi, suivie d'un déjeuner dans un vieux club grec à 13 heures.

Ce jour-là, la délégation syrienne est arrivée en retard, à 13h30 environ. Mon homologue syrien a demandé une réunion de révision rapide tandis que les ministres attendaient dans la pièce d’à côté. En réalité, les Syriens étaient là, avec une liste de of 35 "petits changements" demandés par la "commission politique" ! J'étais très gêné mais l’équipe syrienne également d’après ce que j’avais perçu à travers leur langage corporel ! Cela a finalement été gérable !

Le déjeuner a eu lieu de 15 heures à 17 heures ! J’ai découvert à ce moment que non seulement les ministres grec et syrien, mais aussi le ministre français des PTT avaient décidé de prolonger leur visite à Athènes pour mettre un peu de pression sur ce processus !

Un an plus tard, j'ai été invité à rejoindre l'équipe des PTT syrienne, voyageant en convoi de Damas à Tartous via Homs pour la cérémonie d'ouverture du système. Je me souviens de notre entrée dans Tartous, entourés de gardes locaux courant et criant à côté de nos voitures, de leurs Kalachnikovs suspendues dangereusement dans leurs mains ! A la fin du banquet officiel, touts ces invités, exclusivement des fonctionnaires civils et des militaires, s’étaient mis à fumet de gros cigares cubains, "venant de Moscou" !

La conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas l’a conduit à cesser de persécuter les Hommes. Rêvons que le jeune président Assad eut soudainement une illumination semblable "sur le chemin de Damas".


Jean Devos
Submarcom Consulting


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