Lettre à un ami :
« Le talon d'Achille ! »

object094


Mon ami,

J'ai régulièrement, dans mes correspondances, soulevé la question suivante : « Contruisons- nous le réseau dont nous avons besoin ? ». En d'autres termes, l'architecture existante du réseau international global de fibres optiques sous-marines répond-elle correctement à tous et à chacun des besoins de monde ? Est-ce que ce réseau sert, de façon équitable, chacun d’entre nous ? Et ceux qui le sont, sont-ils servis de manière sécurisée ?

Lorsque plusieurs câbles ont été coupés simultanément dans la Méditerranée près de l'Égypte et dans le canal de Bachi entre les Philippines et Taiwan, je n'ai pas perçu beaucoup de réactions et d'inquiétudes au sein de notre communauté. Et ce, malgré le fait que 70 pour cent de la connexion internet de l'Egypte à l'international a été perdu, 12 millions de personnes ont été subitement déconnectées au Pakistan et, en Inde, 50 à 60 pour cent de connexions ont été perdues !

Sommes-nous encore dans les années 60 ou 70 pendant lesquelles une coupure de câble transatlantique n'était pas un problème ? Je me souviens parfaitement de la fois où un appel de Paris à New-York n'était pas une garanti : « pour une raison technique, s'il vous plaît, recommencez votre appel demain ! »

Mais d'autres personnes commencent à pointer du doigt ces problèmes. Un article a été publié le 21 décembre 2010, intitulé « Câbles sous-marins : le talon d'Achille de nos économies », un titre très provocateur, difficile à avaler pour nous, si fiers d'apporter de si puissantes infrastructures à la communauté mondiale !

L'auteur est un analyste d'EWI, East-West Institute. Cette organisation à but non-lucratif a pris la cause des aspects politiques internationaux et propose des mesures pour assurer la sécurité de l'infrastructure numérique mondiale.

Pour mettre en évidence la criticisme du réseau de câbles sous-marins, l’articles dit:

«La Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), un fournisseur de messagerie financière, envoie environ 15 millions de messages par jour sur les câbles. 1 million de ces messages sont des transactions financières s'élevant à plus de 4,7 billion de dollars par jour et transitant par les mêmes câbles sous-marins. Le centre financier de Hong Kong double sa dépendance, à savoir le volume de messages passant par ces câbles, chaque année et demie. "

Trois points d'étranglement du câble ont été identifiés, où convergent les câbles sous-marins, et où, s’ils sont coupés, les pannes peuvent avoir de graves conséquences. La première est dans le détroit de Luzon, la seconde dans le passage « Canal de Suez - Mer Rouge - Détroit de Bab el-Mandeb » et le troisième est dans le détroit de Malacca.

Un autre sujet est l'injustice évidente de l'infrastructure mondiale. Si l'accès à Internet est aussi vital que l'eau ou l'électricité, pourquoi devons-nous accepter le fait que plusieurs pays et/ou les communautés éloignées soient encore non connectés aujourd'hui ? Grâce au projet ACE, 8 pays supplémentaires d'Afrique de l’ouest seront enfin reliés avant mi-2012, 25 ans après la première liaison transatlantique !

La conséquence de tout cela est que notre communauté ne peut pas continuer à vivre comme si.

Je sais que beaucoup de gens vont dire : « Nous ne pouvons rien faire pour cela. Je suis un fournisseur : j’approvisionne ce que le propriétaire/opérateur veut. Je suis un transporteur : je construis le câble dont j'ai besoin conformément à ma stratégie d'entreprise ! Je suis un financier : j’investit dans un projet qui montre des perspectives de bénéfice raisonnable. »

Ma réponse: c'est vrai, nous ne pouvons rien faire individuellement.

 Mais en tant que communauté, n'avons-nous pas une responsabilité ?


Jean Devos
Submarcom Consulting
AQEST Senior Advisor


UK Flag
webmaster@aqest.eu - © AQEST 2020